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Patrick Modiano - Page 2

  • l'espèce de jeu

    010620103034.jpgCe weekend, il est arrivé ce qui devait arriver : on m'a offert l'horizon de Patrick Modiano...livre que, comme doivent le savoir mes huit lecteurs, j'ai acheté, lu et approuvé il y a quelques jours..Alors, j'étais déçu pour ma belle-mère qui pensait me faire plaisir et cela confirme à mes proches qu'il est très difficile de m'offrir des livres car un livre que j'ai envie de lire, et bien l'envie se fait très vite pressante et l'acquisition ne tarde jamais (pour peu que mes petites finances me le permettent..encore que pour un bouquin, j'arrive toujours à dégager un budget (en rognant par exemple sur l'alimentaire et autres denrées de premières nécessités)).
    Et comme l'offreuse n'avait pas garder son ticket de caisse, il fut très vite convenu que je le revende sur internet..mais après vérification, je ne peux le vendre que pour le tiers de son prix d'origine. Je ne peux pas l'offrir non plus, n'ayant pas d'amis intéressés par cet auteur.
    Alors j'ai décidé de mettre ce livre en jeu sur ce blog. Je me propose donc d'offrir ce livre à qui répondra à une question...plutôt difficile...et la première personne me donnant la réponse via un commentaire gagnera le livre (pour peu qu'ensuite, elle veuille bien me laisser ses coordonnées pour que je puisse expédier l'objet). Le jeu n'est pas limité dans le temps à savoir que si personne ne trouve ou pire si personne ne participe et bien je garderai le livre bien au chaud en espérant que peut-être un jour...Par ailleurs, une même personne peut participer plusieurs fois (mais avec une seule réponse par commentaire et une seule fois par jour).
    Voilà, à vous de jouer. Ça ne risque pas de se bousculer mais bon, je pense qu'un Modiano offert (et un très bon Modiano en plus) vaut bien que l'on tente le coup.


    la question :

    dans quel port ai-je pris la photo ci-dessous ( 22 05 2010) ?

     

    220520103011.jpg

  • CR160 : l'horizon - Patrick Modiano

    180520102988.jpgprésentation de l'éditeur :" Il suivait la Dieffenbachstrasse. Une averse tombait, une averse d'été dont la violence s'atténuait à mesure qu'il marchait en s'abritant sous les arbres. Longtemps, il avait pensé que Margaret était morte. Il n'y a pas de raison, non, il n'y a pas de raison. Même l'année de nos naissances à tous les deux, quand cette ville, vue du ciel, n'était plus qu'un amas de décombres, des lilas fleurissaient parmi les ruines, au fond des jardins. "

    Avec l'horizon, Modiano fait toujours du Modiano. Les obsessions restent les mêmes : résurgence d'un passé trouble, personnages seuls et à côté du monde, petites boutiques obscures (dans l'horizon, une librairie ésotérique qui fut une maison d'édition tenue par un certain Hornbacher), des rues parallèles aux rues principales (dans un Paris évanescent) etc. Personnellement, je trouve ça grisant. Et j'avais un peu peur avant de commencer l'horizon car je m'étais laissé dire que pour ce roman, Modiano quittait Paris pour Berlin et qu'il était un peu plus optimiste etc. Mais on nous avait fait le même coup avec  le café de la jeunesse perdue (que j'avais trouvé moyen). Or ce n'est pas vrai, Modiano ne change pas et ne changera pas. Il n'est question de Berlin que dans les quatre dernières pages, et certes, la dernière phrase laisse une porte ouverte..mais ouverte sur quoi au juste, sur peu de chose : Bosmans va peut-être retrouver Margaret Le Coz mais bon, on en doute et en plus qu'importe.
    Par ailleurs, je voulais faire part d'une interrogation : comment expliquer que ce type qui écrit des phrases si  limpides et qui trouvent les mots justes pour dire ce qu'il a à dire ne soit pas capable de construire une phrase correcte dans ses interventions médiatiques ? On pourra répondre qu'il n'est pas un homme de média mais je trouve justement le contraire. Il fait partie des écrivains les plus invités dans les quelques émissions littéraires (qui restent). L'homme est un mystère. Mais un vrai et grand écrivain avec un univers à lui et rien qu'à lui. J'adore.

    roman, paru en le 04 mars 2010
    Gallimard, 172 pages
    lecture du 19.05 au 21.05.2010
    note : 4.75/5

  • CR114 - Dora Bruder - Patrick Modiano

    417965925_small.jpgprésentation (fnac) : Dans un vieux Paris-Soir daté du 31 décembre 1941, l'œil de Patrick Modiano est attiré par l'annonce suivante: "On recherche une jeune fille, Dora Bruder, 15 ans, 1 m 55, visage ovale, yeux gris-marrons, manteau sport gris, pull-over bordeaux, chaussures sport marron. Adresser toutes indications à M. et Mme Bruder, 41, boulevard Ornano, Paris ".
    Cet entrefilet amène l'auteur à enquêter sur cette fille et ses parents envoyés à Auschwitz en 1942. Il essaie de redonner vie à leur existence qu'il traque sur des papiers administratifs, sur des photos. Le texte se présente comme un chassé-croisé dans Paris entre présent et passé, des souvenirs de l'auteur s'entremêlant à ce qu'il découvre de la jeune fugueuse, de sa famille et des personnes qui l'ont côtoyée.
    Mais aucun document officiel ne peut restituer les occupations de Dora pendant ses fugues qui ainsi demeurent le secret de ce destin tragique décrit tout en subtilité par Patrick Modiano.


    mon avis : Vendredi dernier, avant de prendre le train Vannes-St Lô (avec changement à Rennes), je me suis demandé s'il fallait que j'embarque la délégation norvégienne dont j'avais commencé la lecture quelques jours auparavant ou alors s'il fallait que je reparte à zéro avec autre chose. Et je me suis souvenu de cet agréable moment de lecture que constitua pour moi accident nocturne de Patrick Modiano lorsque je fis le même trajet dans l'autre sens aux alentours de Noël 2007. Alors j'ai opté pour le Modiano (la délégation attendra...ou pas, j'ai beaucoup de mal avec ce livre).
    Ce qu'il y a de bien avec les romans de Modiano, c'est qu'ils se lisent très vite, le temps d'un voyage en train par exemple mais qu'ils ne sont pas de simples romans de gare. Les romans de Modiano sont quand même plus profonds que des romans de gare (mais il faudrait aussi qu'on explique ce qu'est au juste qu'un roman de gare -puisque dans les maisons de presse qu'on trouve dans les gares, il y a beaucoup de littérature en fin de compte).
    Et donc, j'ai adoré Dora Bruder. Je l'ai trouvé plus cohérent, plus envoûtant que dans le café de la jeunesse perdue, le dernier ouvrage de Patrick Modiano que je n'avais pas trouvé si réussi. Mais quand Modiano fait du Modiano, c'est à dire qu'il tripe avec les noms de rue et qu'il essaie de raviver la mémoire de gens oubliés, qui n'ont pas laissé de trace ou trop peu parce que trop banals, trop mr tout le monde etc, c'est le bonheur.
    Dora Bruder est une petite juive un peu rebelle, qui en fait voir à ses parents et qui en fin de compte se fait avoir par les allemands. Le narrateur se met à s'intéresser à elle bien qu'elle soit morte depuis longtemps, bien qu'il ne l'ait jamais connu. Et s'il s'est tout à coup intéressé par la vie de Dora, c'est qu'il est tombé par hasard sur un vieux journal d'avant-guerre dans lequel il lit une petite annonce où il est question de la fugue d'une Dora Bruder. Juste ça, ce petit fait vieux d'une trentaine d'année. Et ça fait un grand roman que j'ai lu goulûment. Car j'aime la petite musique modianesque et je ne suis pas indifférent à son délire typographique.
    Un Modiano par an, c'est tout ce qu'il me faut.

    roman, paru en 04/1997
    Folio, 145 pages
    lecture le 28/08/09
    note : 4/5
    à venir : Alabama Song, Gilles Leroy

  • CR45 - dans le café de la jeunesse perdue - Patrick Modiano

    e6c33be140acacb3de88011a94436038.jpgCe roman ressemble en tous points à ce que Modiano a déjà écrit. Les fans ont donc dû être comblés. Perso j'aime bien lire un PM de temps en temps. Sans plus.
    J'ai été quand même déçu par celui-là, déçu en tout cas, au regard des espoirs entrevus en lisant les critiques unanimes à son sujet. Par ailleurs, le titre laissait penser que peut-être pour une fois l'écrivain abandonnait cette sorte d'inventaire des noms de rues de Paris et des gens disparus dont il ne reste que peu de traces pour nous raconter l'atmosphère chaleureuse du café Condé, ses habitués, leurs petites habitudes... Mais en fait, si le café est bien au centre du roman, on est plus souvent à l'extérieur qu'à l'intérieur. A l'extérieur, c'est à dire dans les petites rues de Paris, des petites rues parallèles empruntées par la petite bande du Condé, des petites rues sombres et loin des grands boulevards, et qui sont l'objet d'une étude par Rolland (l'un des trois narrateurs) qui les appellent des zones neutres. Mais j'aurais aimé que ce thème des zones neutres soit plus approfondi et que par exemple, Modiano nous distille des extraits de cette étude, en italique par exemple.
    Par ailleurs, le roman est polyphonique, méthode très à la mode qui consiste à faire se succéder plusieurs narrateurs. Je n'ai rien contre mais il se trouve qu'ici, il y a quelque chose qui ne colle pas à savoir que quel que soit le narrateur, Rolland, Louki ou l'étudiant, l'approche des choses et la façon d'analyser les faits et les gens est identique. Chaque partie est interchangeable alors qu'on aurait pu s'attendre à ce que chaque narrateur voient les choses différemment, ce qui aurait été naturel. Si bien qu'en fin de compte, on se demande si un seul narrateur n'aurait pas suffit.
    Enfin, je trouve le titre très mauvais. Peu inspiré en tout cas. A la limite, "le café de la jeunesse perdue" aurait été suffisant. Mais "le café Condé" encore mieux, moins ronflant, moins caricatural.
    Enfin de compte, ça fait une petite déception. Moins bon qu'accident nocturne où PM assume totalement son style. L'impression est qu'avec ce dernier roman, Modiano a voulu coller à l'air du temps sans y arriver, sans pouvoir se débarrasser de ses obsessions spatio-temporelles.
    Mais il y quand même des paragraphes grisants :

    dans cette vie qui vous apparaît comme un grand terrain vague sans poteau indicateur, au milieu de toutes les lignes de fuite et les horizons perdus, on aimerait trouver des points de repère, dresser une sorte de cadastre pour n'avoir plus l'impression de naviguer au hasard. Alors, on tisse des liens, on essaye de rendre plus stables des rencontres hasardeuses.

    lecture du 10.07 au 11.07

    note : 3/5

    loïc, 23h22

     

  • CR17 : Accident nocturne - Patrick Modiano

    caae7830b5076284c439c02ebca3747e.jpgComme je devais effectuer un voyage en train le 25.12.07 au soir, je me suis dit que ce serait l'occasion de me farcir un second Modiano. En effet, je sentais qu'après l'éblouissant roman Cendrillon de Eric Reinhardt, il me fallait redescendre sur Terre, (si je puis dire puisqu'avec PM, on est plutôt dans le vague et les souvenirs). J'ai donc choisi au Planète R de St Lo, grande librairie de la ville qui se situe en contrebas de l'avenue de la Liberté, en face de la rue Ambroise Paré (celle-là même ou très souvent un manège s'installe, ce qui créé quelques difficultés de circulation, tout du moins pour les gens qui se rendent à l'hôtel de ville par la rue Joseph Staline (perso, j'ai un truc, je me gare en face du square Carpeaux, cet endroit qui sépare la rue Gérard Janvion de l'avenue Marius Trésor)). J'ai donc pris le livre en question dans le rayon poche.  Je l'avais repéré sur la toile et y avais jeté mon dévolu suivant trois critères

    - un roman de Momo où il n'est pas question de l'Occupation

    - qui est passé quasiment inaperçu

    - une histoire banale, voire totalement indigente.

    Accident Nocturne réunissant ces trois conditions, l'ouvrage quitta définitivement les rayons du Planète R par cette triste matinée du 24.12. J'en ai profité pour acheter quelques cds, mais là n'est pas le sujet.

    25.12, 17H40. C'est Prisca qui m'accompagne à la gare. On se fait des baisers de cinéma et je monte dans le TER n°578521 qui avant d'arriver à Rennes traverse les gares de Carantilly, Marigny, Cérences, Folligny, Avranches, Pontaison-Mt St Michel, Dôl de Bretagne. Voyager la nuit à cet avantage qu'on ne voit rien du paysage et que donc, on ne perd par son temps à regarder défiler les champs et bosquets qui composent le bocage normand. Perso, j'aurais pû avoir un intérêt lors des passages dans les gares à admirer ces endroits un peu neutres qui entourent les chemins de fer...mais je les connais tellement sur cette ligne que ça ne m'intéresse plus. La wagon étant presque vide et à vue de nez, ne remarquant personne avec qui je puisse m'entretenir de quoi que ce soit, je me suis plongé dans ce roman qui s'est avéré conforme à mes attentes. Du Modiano presque caricatural avec un narrateur obsédé par des souvenirs anodins, obsédé aussi par les noms des rues de Paris et obsédé aussi par l'envie de comprendre pourquoi des choses tristement banales arrivent, en l'occurence ici, l'accident dont il fut victime à 18 ans (c'est à dire donc 30ans avant l'âge où il raconte les faits) en traversant à pied la place des Pyramides à Paris. Il n'aura qu'une petite séquelle à la cheville. Malgré tout, il se fait embarquer à l'hôtel de police le plus proche puis à un hôpital sans qu'il n'ait eu le temps de dire et de demander quoi que ce soit. Quelques jours plus tard, enfin libre, son but sera désormais de retrouver les différents protagonistes de l'accident (conductrice du véhicule qui l'a renversé etc..). Le narrateur pense que cet accident marque une rupture dans sa vie et que donc il lui est nécessaire d'en savoir les tenants et aboutissants. Pour ce, il mène sa propre enquête, jamais sûr de rien (et en tout cas pas de sa mémoire), enquête dont il arrivera à bout que par un heureux hasard. extrait :

    'Je me demande si la nuit où la voiture m'a renversé je ne venais pas d'accompagner Hélène Navachine à son train, gare du Nord. L'oubli finit par ronger des pans entiers de notre vie et, quelquefois, de toutes petites séquences intermédiaires. Et dans ce vieux film, les moisissures de la pellicule provoquent des sautes de temps et nous donnent l'impression que deux événements qui s'étaient produits à des mois d'intervalle ont eu lieu le même jour et qu'ils étaient même simultanés. Comment établir la moindre chronologie en voyant défiler ces images tronquées qui se chevauchent dans la plus grande confusion de notre mémoire, ou bien se succèdent tantôt lentes, tantôt saccadées, au milieu de trous noirs ? A la fin, la tête tourne.' grisant non ?

    J'ai aimé ce livre car c'est très fort d'arriver à écrire un roman avec si peu de matière et en plus sans une trace de sentimentalisme (et encore moins de sexe). Les 'héros' de Patrick Modiano sont des gens en dehors du temps, qui n'osent pas trop le contact et quand il en ont qui ne vont jamais dans la vif du sujet. Pour eux, le but de l'existence est d'arriver à se rappeler de choses oubliées. J'en voudrais à l'écrivain de quitter cette voie..et j'aurais l'occasion d'en reparler puisque le père-noël a eu l'heureuse idée de m'offrir 'dans le café de la jeunesse perdue' (paru chez Gallimard, achevé d'imprimer sur Roto-page par l'imprimerie Floch à Mayenne, le 11 octobre 2007. Dépôt légal : octobre 2007. numéro d'imprimeur : 69467 ISBN 978-2-07-078606-0/imprimé en France)

    ma note : 4/5

    bonne année 2008. Loïc

  • des jours et des vies (7) - le baiser de Morano

    b94b10b2e5fefd2402f8855699c3b77b.jpgC'est le soir où près du métro

    Nous avons croisé Morano

    Le soir où tu voulais pas croire

    Que c'était elle sur le trottoir

    Le soir où j'avais dit "Tu vois Le mec

    juste en face du tabac

    Tu vois la fille derrière de dos

    En tailleur gris c'est Morano"

    C'est le soir où nous avons pris

    Des mojitos jusqu'à minuit

    Le soir où tu as répété

    "Peut-être elle habite le quartier"

    Le soir où nous sommes revenus

    En dévisageant toute la rue

    En cherchant derrière les carreaux

    L'ombre chinoise de Morano.

    Et le baiser qui a suivi

    Sous les réverbères, sous la pluie

    Devant les grilles du square Carpeaux

    Et le baiser qui a suivi

    Sous les réverbères, sous la pluie

    Devant les grilles du square Carpeaux

    Je l'appelle Nadine Morano.

  • CR8 : rue des boutiques obscures - Patrick Modiano

    a4902c340857765eb1922d1d9eb63861.jpgIl faut que je vous parle de rue des boutiques obscures, le roman de Modiano que je viens de lire..Enfin, je ne sais plus si je l'ai lu..et même si je l'ai lu, je ne me souviens plus de l'histoire..et qui suis-je au fait ? J'ai trouvé un carnet à spirale appartenant à un certain Loïc LT ? Est-ce un ami, un proche ou peut-être moi ? Une petite enquête m'apprend que ce Loïc a vécu à la fin du XXème siècle, zone du Ty-Mor à Hennebont dans un immeuble au bord d'un fleuve, immeuble ressemblant plus à un hangar qu'autre chose..A-t-il fréquenté le café aujourd'hui fermé qui jouxte cet immeuble ? S'est-il balladé le long de ce fleuve au bord duquel trônent des épaves ? Ensuite, je trouve sa trace au 21 rue Nationale, toujours à Hennebont..puis dans un petit bourg...où tout se précipite. Ce type qui semblait être un rêveur solitaire, que l'on croisa dans des fêtes un peu bizarres semble s'être rangé...une femme, des enfants..un maison, des livres...La hasard de l'enquête m''apprend que le dernier livre qu'il a lu fut rue des boutiques obscures de Patrick Modiano...

    Le roman porte bien son nom. De rues en rues, de rencontres en rencontres, d'indices en indices, le narrateur, amnésique,  part à la recherche de son passé. Les fausses pistes ne le sont pas tant que ça et lui donnent à chaque fois un indice supplémentaire. Le narrateur interroge les rues, les immeubles, les paysages. Petit à petit,  le puzzle se forme et le passé obscure devient plus clair, et les fantômes, des êtres humains...Voulant fuir la France pendant la guerre, un immigré dominicain (le narrateur) et sa compagne font confiance à un passeur qui s'avère être une crapule. Perdu dans la neige, le narrateur perd connaissance..

    J'ai A.D.O.R.E...pas spécialement pour l'histoire..d'ailleurs, sur le dernier tiers, je me suis totalement perdu dans le dédale des personnages..non, j'ai adoré pour cette petite musique de rien du tout, cette musique nostalgique d'un temps oublié et des êtres ordinaires qui ne laissent de traces que des numéros dans des bottins ou les souvenirs confus de gens les ayant vaguement rencontrés. Par le style dépouillé, il y a un peu de Kundera chez PM, par l'obsession des chiffres et des détails insignifiants, il y a un peu de Georges Pérec. Par la place du passé et des traces qu'il laisse, un peu de Proust...

    Ce qui fait un excellent roman...

     

    signé quelqu'un, à 22h15

  • des jours et des livres (1) - Patrick Modiano

    Tout à l'heure, en faisant des cartons, je me suis dit qu'il fallait à tout prix que je fasse une note sur celui qui va rentrer dans ma liste d'auteurs fétiches, à savoir Patrick Modiano. J'ai été submergé par une vagues de phrases très inspirées que j'aurais dû mettre sur papier. Car comme vous l'avez remarqué, j'ai du mal à formuler ma pensée. Quand je me relis, je crois lire une disserte de collégien..Mais j'ai des moments comme ça, qui arrivent un peu n'importe quand où des idées me viennent, des tournures de phrases ou des mots tout simplement. Et étrangement à ce moment là, une force obscure m'empêche de les coucher sur papier..Je sais, c'est facile à dire.
    Je voulais dire que je lis rue des boutiques obscures et que j'adore..J'avais déjà lu un Modiano il y a quelques années (dimanche d'août) et je constate aujourd'hui qu'à cette époque je n'avais pas aimé ce roman pour les mêmes raisons qui me le font adorer aujourd'hui..L'être humain ne se rend pas compte combien sa pensée, ses idées, ses centres d'intérêts changent avec les années..Ainsi, l'année où j'avais lu dimanche d'août, j'étais un méchant gauchiste sectaire et je suis devenu aujourd'hui un gentil républicain de droite..J'étais célibataire et j'avais un bon boulot, je suis papa et j'ai un petit boulot...A partir de là, étant donné ces mutations, on peut comprendre que c'est tout mon système de pensée qui a changé et donc aussi la façon dont j'aborde les oeuvres littéraires.
    Globalement, aujourd'hui, je pense qu'un roman qui colle au plus près à la réalité de nos vies ne doit pas être un roman trépidant avec des rebondissements, des personnages caricaturaux, des meurtres, de la violence etc. En effet, si un roman n'avait pour but que de raconter des histoires extraordinaires, cela signifierait que des milliards de vies humaines, ordinaires, banales ne pourraient entrer dans le champ du roman...mes voisins d'en face par exemple : la femme est docteur, lui, je sais pas, les enfants (2 ?)  grandissent normalement et l'un d'entre eux jouent du piano très souvent et tard le soir, créant une ambiance fort sympathique dans le village. Plus bas, un couple de retraités. Lui est un ancien gendarme de Nantes, elle, a travaillé dans un bhv. Ils vieillissent sans histoire et voient leurs enfants et petits enfants régulièrement. Le matin, lorsque je pars au boulot, je le double, lui qui fait sa petite marche matinale avec son survet 'gendarmerie nationale'. Un peu plus loin dans le village, voici le producteur de cidre. Je l'ai vu l'autre jour au comice agricole faisant une démonstration de pressage de cidre à l'ancienne. Je passe tous les jours devant son verger où les pommiers sont lourds de fatigués de porter leurs pommes rouges et jaunes. Comment va-t-il se prendre pour les cueillir ? à la main, avec une machine ? Le bas du village demeure mystérieux. Je sais juste que le couple de bijoutiers de Baud y vit. Mais quelle maison ? je ne sais pas. Ce sont d'ailleurs toutes des longères assez bretonnes dans leur genre.
    Tant de vies banales, sans histoires ..qui n'inspireront jamais les romanciers.
    Certains s'y sont essayés...Je dirais Georges Pérec avec la vie, mode d'emploi ? C'est une sorte d'inventaire méticuleux, matériel et humain de tout un immeuble parisien. Et les romans de Modiano ? Je crois que ce ne sont pas des romans de la banalité puisque les héros sont tous des gens un peu tourmentés en quête d'un passé et le cerveau plein de souvenirs diffus et lointains. Mais il semble quand même y avoir dans ses romans une petite musique banale, de la rue parrallèle et des vies anodines.
    A lire les critiques, son dernier roman est une forme d'aboutissement. Je me laisserai bien tenter.
    Et puis évidemment, on attend avec impatience les interventions médiatiques du bonhomme, à chaque fois exquises car à contre-courant du rythme télévisuel. Du Houllebecq en mieux. Dans ce domaine aussi, l'original vaut mieux que la copie.
    signé Loïc, 23h50